Tomoka du Japon chez la famille Beunet
Depuis quand connaissez-vous YFU France et comment avez-vous connu YFU ?
Nous connaissons YFU suite à des recherches sur internet début 2017.
Pourquoi avoir choisi de vous lancer dans l'expérience de l'accueil de lycéens étrangers ? et pourquoi et comment avez-vous choisi Tomoka ?
Nous avons souhaité accueillir un jeune pour les raisons suivantes :
- Ouverture sur le monde tant pour nous que pour nos petits-enfants
- Augmenter notre capacité à nous remettre en cause en nous confrontant à une autre culture.
- Tester notre générosité, notre tolérance et notre empathie à accueillir un jeune de culture et d’éducation totalement différentes de la nôtre
- Avoir un geste de solidarité inter générationnelle. En effet, prôner un brassage interculturel est un principe que nous défendons auprès de nos proches mais AGIR en est le corollaire indispensable.
- Nous engager, par cette action, à contribuer au maintien de la paix dans le monde.
Nous avons ainsi côtoyé une néo-Zélandaise, des américaines, un chinois, des autrichiennes, une argentine… et maintenant une japonaise !
Comment s'est passé votre première rencontre et les débuts de Tomoka ? Quelles ont été vos impressions ?
Le premier souvenir que nous garderons est le train vide à son arrivée, Tomoka étant descendue deux gares plus tôt par incompréhension.
L’entretien téléphonique fut alors des plus cocasses, Tomoka ne pouvait prononcer qu’un ou deux mots de français.
La deuxième impression fut son immense sourire et son grand stress de découvrir sa famille d’accueil.
Notre, très imparfaite, connaissance à elle et à nous de l’anglais ne simplifia pas la conversation et nous obligea à utiliser l’application google traduction de nos smartphones.
Bref, le rire et la bonne humeur nous ont alors beaucoup aidés.
Comment avez-vous mis en confiance votre accueillie, comment vous êtes-vous apprivoisés ?
Cela s’est fait assez naturellement. Nous avions préparé un document écrit pour lui expliquer comment nous vivions, les règles de la maison mais devant sa grande gentillesse, cela nous a paru manquer de chaleur.
Aussi, a-t-elle peu à peu découvert les règles de fonctionnement de la maison qui sont en vérité assez peu nombreuses car nous sommes très souples dans notre fonctionnement.
Quels sont les meilleurs souvenirs et les meilleurs moments que vous avez partagé avec votre accueillie ?
Il y en a eu beaucoup. A son arrivée, Tomoka a été très étonnée de voir le père de famille cuisiner et faire les courses (comme une femme nous a-t-elle dit) ce qui nous a beaucoup fait rire.
Elle a partagé avec nous la cuisine, l’apprentissage de la langue, nos discussions, nos sorties. Elle est toujours partante pour tout même ce fut difficile pour elle de comprendre que ce que nous considérions comme un excès de politesse coupait l’authenticité de notre communication. Elle a appris à nous dire non, à dire ce qu’elle pensait vraiment et à cesser de vouloir nous plaire tout le temps.
Nous sommes une famille très active et peu à peu son lymphatisme naturel a fait place à des actions qu’elle a mené seule comme celle de prendre le vélo, d’utiliser les transports en commun et d’ organiser elle-même quelques sorties avec ses amies. Elle veut encore progresser dans ce domaine !
Etes-vous déjà parti dans le pays du jeune que vous accueillez et est-ce que cela a influencé votre choix ?
Non, mais nous nous sommes documentés via internet et quelques ouvrages.
Quelle a été l’évolution avec le jeune depuis qu’il est là ?
Tomoka vit dans une famille naturelle où elle est très protégée. Son mode de vie japonais ne la prédispose pas à prendre des initiatives. En ce sens, elle a évolué et est devenue plus autonome au fil des mois. Elle a appris le français avec beaucoup de détermination. Elle a accepté avec courage de se remettre en cause et nous est reconnaissante pour notre aide. Elle a le projet de revenir faire des études supérieures en France et sait qu’elle devra passer le B2 du DELF au Japon. Elle s’est inscrite pour le B 1 session de juin prochain.
S’est-elle bien acclimaté au mode de vie, à la culture, du la nourriture française ?
Oui vraiment très bien. Elle mange de tout, apprécie la bonne chaire et note les recettes de plats français. Elle est devenue beaucoup plus ouverte et pose facilement des questions sur notre vie personnelle , familiale et professionnelle. Elle a goûté au champagne, aux huîtres crues par exemple ce qui est à l’opposé de sa culture. Elle a atténué le vernis de sa culture du « plaire » pour entrer en vraie relation avec nous. Elle s’intéresse à notre culture et à la haute couture française.
Qu’aimez-vous le plus dans le fait d’accueillir un jeune et qu’appréciez-vous le plus dans les relations que vous entretenez avec le jeune ?
La remise en cause, développer notre tolérance et découvrir une autre culture. Favoriser la rencontre de notre accueilli avec nos petits-enfants pendant les vacances scolaires, périodes pendant lesquelles nous les recevons puisqu'ils habitent en dehors de notre région. Tuteurer le jeune pour lui permettre de s’adapter, d’évoluer dans son parcours de vie, de mieux lui faire apprécier notre pays et notre culture. Faire en sorte que cette année s’imprègne en lui comme une belle aventure qui fait grandir.
Que lui avez-vous fait découvrir dans votre région ? Quelles ont été les activités que vous avez réalisées avec votre accueillie ?
Malheureusement, nous n’avons pas été gâtés par le temps cet hiver ce qui a limité la plupart du temps nos déplacements tant en nombre qu’en distance .
Nous sommes allés voir malgré un épais brouillard, lors de sa première sortie en mer, le plus gros paquebot du monde actuellement en construction à Saint-Nazaire.
Elle a visité avec nous la proche région. Angers….
Nous sommes allés au carnaval de Granville (carnaval inscrit au patrimoine de l’UNESCO)- Nous avons visité Granville, ville natale de Christian Dior (et du père d’accueil) – Tomoka, très attirée par la mode, a pu photographier la maison d’enfance du célèbre couturier et se promener dans le somptueux jardin de la propriété dont il est toujours resté amoureux.
Nous avons effectué également une visite nocturne du Mont-Saint-Michel. Mais nous y retournerons en traversant à pied la majestueuse baie du Mont.
Une expo de peinture, des films, un ou deux concerts, cinéma.
Elle a visité Paris pendant plusieurs jours avec une amie japonaise accueillie à Paris.
Nous avons également l’intention de faire comme avec nos accueillis précédents :
- Les plages du débarquement, les musées et cimetières américains et allemands,
- Les châteaux de Versailles et de Vaux le Vicomte, la maison de Monet…
- Quelques châteaux de la Loire (région natale de la mère d’accueil)
- Une visite de Paris avec notamment le Louvre et quelques musées
- Une sortie au Puy du Fou (réservation faite pour le week-end de Pentecôte).
- Une ou deux îles du Ponant.
Nous lui organiserons en juin une semaine ou deux de découverte du sud de la France.
Avez-vous des conseils pour les futures familles d’accueil ? Que conseilleriez-vous pour une famille qui n’a jamais accueilli ?
Agir comme avec son propre enfant mais avec une attention plus soutenue car le jeune peut ne pas se confier spontanément à nous notamment lors de passages de déprime. Développer une grande tolérance et empathie. Etre avant tout naturel et surtout ne pas considérer l’accueilli(e) comme un invité mais comme un membre de la famille avec les mêmes droits et devoirs. Etre très clair sur les règles, les écrire si besoin.
Veiller à dire au fur et à mesure les ressentis que l’on a et ne pas laisser les non-dits s’accumuler car la situation peut passer de facilement gérable à très compliquée voire conflictuelle. Ne pas hésiter à demander une médiation au référent famille YFU ou tout simplement lui demander son avis sur les points qui posent problème ou qui interrogent.
S’offrir des temps sans l’accueilli(e), soirées, week-ends, petites vacances pour retrouver l’intimité dont on peut avoir besoin pour se ressourcer.
Ne pas trop se poser de questions avant, se faire confiance et SURTOUT TENTER L' EXPÉRIENCE !